Mon camino primitivo, septembre 2015

Je pars seule ce matin, Laurent et Bruno ayant décidé avec Jean-Pierre, Jacqueline, Jacques et Marcelle de raccourcir l'étape (en prenant le taxi) pour faire une pause et arriver plus vite à Lugo. De mon côté je préfère faire le camino! Nous nous retrouverons tous ce soir à l'albergue!

Je suis à peine partie que je rencontre Colette, Joao et Pablo avec qui je chercherai les flèches et les coquilles indiquant le chemin dans la nuit et le brouillard.

Quittant le village nous commençons une des dernières grosses côtes du camino, celle qui nous sépare de Castroverde.

Cette montée nous permet de sortir du brouillard et de nous retrouver une dernière fois au-dessus d'une mer de nuages, dont émergent quelques îles: merveilleux!

A Castroverde, après avoir regardé l'église, à défaut de la visiter, nous sommes attirés par un vieux monsieur dans une grange où il expose (et tente de vendre) une multitude de petits décors en bois qu'il a fabriqués. Très joli! Mais ce n'est pas transportable dans un sac de pèlerin!

Après la pause au café obligatoire, nous reprenons la marche sous le soleil. Pablo est poussif ce matin... Colette me conseille de continuer sans les attendre...

Je poursuis donc mon chemin seule dans la campagne galicienne, à travers les petits villages aux vieilles églises, les prairies, les cultures (surtout du maïs), les pâturages... J'aime de plus en plus les vaches et leur flegme... le bruit régulier qu'elles font en broutant, tel une pompe...

Les paysages sont moins grandioses, mais restent dune beauté toute simple qu'il est si agréable de percevoir!

Je continue donc mon chemin tout en essayant de répondre à la question que nous nous posions tout à l'heure en marchant, Colette et moi: qu'est-ce donc qui nous fait marcher ainsi, alors qu'il est parfois si dur de renfiler nos chaussures le matin?

Je vais tenter de répondre à la question en disant d'abord que je marche pour finir ce que j'ai commencé l'an dernier, c'est évident!

Je marche aussi pour Lucas, ce jeune autiste rencontré à Biarritz au début de mon Camino del Norte, dont la maman en détresse m'avait confié une prière à porter à St Jacques... Je me suis engagée, j'y arriverai!

Je marche aussi pour mes enfants et petits-enfants, pour que ma détermination leur serve d'exemple et qu'ils soient bien convaincus que si on veut, on peut!

Je marche sur ce camino pour le plaisir de partager un mode de vie simple (parfois un peu rude) avec mes compagnons de marche du moment, pour partager avec eux une expérience incomparable d'une vie plus fraternelle, une vie faite d'amitié, de respect mutuel et de soutien réciproque.... une vie où l'on se sourit chaque fois qu'on se rencontre...

Je marche enfin pour pouvoir m'émerveiller devant des paysages à couper le souffle ou devant les beautés les plus simples de la nature.

Dans ces conditions, il vaut bien la peine de se martyriser un peu les pieds...

C'est ainsi qu'à travers la campagne je regarde... Je pense... Je marche... jusqu'à Lugo!

J'arrive au pied de la vieille ville, il va me falloir monter... trouver le centre et ses richesses: je passe une porte des remparts qui encerclent la ville et très rapidement, me voilà sur la place centrale. D'un café, Jean-Pierre et Jacqueline me font signe, me félicitent d'avoir bouclé ces 31kms et m'offrent une gigantesque "cana" (bière). Leur accueil et la bière me font un bien fou.

Lugo

Mais il ne faut pas perdre trop de temps car je veux aussi voir la cathédrale (une merveille, l'autel du St Sacrement), et je dois descendre à l'albergue -lamentable il faut bien le dire- où les copains m'ont réservé une place, puis remonter dans la vieille ville pour y manger.