Mon camino primitivo, septembre 2015

26 septembre 2015: Santiago

Après une bonne nuit sans ronflements (autres que les miens en tous cas), je me réveille avec l' envie de voir ma Compostela de près: horreur, c'est n'importe quoi! Ils m'ont "collé" le camino Francès au lieu du Norte et du Primitivo! Je n'en veux pas! Je calcule donc mon coup pour prendre mon petit-déjeuner dans un bar quelconque et être à l'ouverture au bureau des pèlerins...

Pour ce faire, je traverse dans l'ombre des rues désertes qui viennent d'être lavées, les pavés brillent mais il faut faire attention à ne pas glisser! L' atmosphère contraste avec celle d'hier soir, tout est froid, sombre, triste, fermé. Il me faut approcher de la cathédrale pour trouver un bar ouvert. De temps en temps un pèlerin sort de son trou et se dirige vers le chemin de Fisterra ou vers un bus qui l'emmènera à la gare. Devant le Parador les taxis attendent et on commence à entendre les roulettes des valises...

Après m'être réconfortée avec un petit-déjeuner très cher (on est à Santiago!), je me présente au bureau des pèlerins où commence déjà une petite queue. J'expose tant bien que mal mon problème à l'employé qui surveille les opérations et il me fait passer devant. Au bureau l'employée (tiens donc! Je tombe sur la même qu'hier!) est plus attentive qu'hier et finit par comprendre mon itinéraire, mais sans arriver à estimer la distance parcourue, même si ça n'a rien d'extraordinaire, et elle me dit: "je vous mets 800? Ça va?".... Et moi qui croyais qu'elle connaissait les différents caminos!

Je repars donc avec une nouvelle Compostela plus conforme, j'ai un peu de temps pour profiter de la cathédrale avant d'aller à la célébration pour les pèlerins francophones.

A cette heure la cathédrale ressemble à une cathédrale, et non à un marché public ou à une foire! J'ai l'impression de l'avoir pour moi toute seule, même si je ne suis pas seule. On entend en fond musical les chants qui émanent de différentes chapelles, une sensation de paix inonde l'ensemble de l'édifice: on y est bien!

Je profiterai de ce moment "sans foule" pour aller faire mon câlin à la statue de St Jacques et voir de près les coquilles de son vêtement. J'irai aussi librement me recueillir dans la crypte, avant de rejoindre, à la chapelle San Salvador, l'équipe de l'accueil pèlerin français mise en place depuis ce printemps seulement.

Brigitte supervise le tout, nous conseille, nous explique que nous sommes dans une chapelle française, la première créée autour du choeur par la générosité des rois de France, avec une copie de la Vierge Noire de Rocamadour et un vitrail représentant les quatre grands chemins français.

Hubert avec sa guitare animera les chants et nous donnera sa vision sur les textes du jour en insistant sur le fait que le pèlerin, c'est celui qui a les mains ouvertes et qui reçoit. Et après? Que ferons-nous de tout ce que nous avons reçu?

Les intentions de prières de la boîte prévue à cet effet seront lues partiellement, puis envoyées à des moines qui continueront la prière. Je suis contente de savoir où ira le petit papier de la maman de Lucas.

À la fin de la célébration, une photo de groupe est prise: elle est déjà arrivée dans ma messagerie. Après quelques échanges avec les canadiens qui étaient là, nous nous séparons ravis de ce sympathique moment.

Pour ma part je retourne à ma pension déposer ma nouvelle Compostela. En cours de route je retrouve avec plaisir un jeune couple des Canaries qui a marché avec nous...

La suite de la journée sera consacrée à du repérage: je retrouve la station des bus, je vais jusqu'à la gare Renfe (train) où nous prendrons la voiture de location à mon retour de Fisterra et Muxia...Je traverse la ville sous un soleil estival, passant par bien des lieux connus que je suis heureuse de reconnaître... Mais je ne retrouve que le quartier universitaire où nous avions logé en 2013, pas la pension! Dommage!

Mais je profiterai bien des parcs où nous étions venus en attente de cette fête manquée en 2013: comme il fait très beau, je peux écrire tranquillement à l'ombre... Pour le wifi, il faudra rentrer à la pension!

Surprise en passant devant la cathédrale: une multitude de voitures de collection se sont donné rendez-vous ici... Même si ça me paraît déplacé, je fais quelques photos pour toi, Mathias!

Ce soir nous prendrons notre dernier repas ensemble, Laurent, Bruno et moi... Ainsi va le camino, ainsi va la vie... On se rencontre, on se sépare, on monte au col et on redescend, un jour il fait soleil puis il pleut à nouveau... Le Camino est semblable au chemin de notre vie, même s'il reste un moment exceptionnel dans notre vie, avec un début et une fin!

Avant de "m'envoler vers l'infini de Fisterra", je voudrais déjà remercier tous ceux et celles qui ont fait de ce camino primitivo un moment exceptionnel et inoubliable.

Merci d'abord (c'est peut-être étonnant, certes) à tous ceux -peu nombreux- qui nous ont mal reçus, car ils ont été l'occasion de bonnes rigolades: celle que tu as nommée la Thénardier de Salas, Laurent, qui ne voulait pas nous servir à manger parce que nous n'étions pas espagnols, la mégère qui faisait fonction de sacristain à l'église de Salas et qui nous a littéralement jetés en dehors de l'église avec ses jurons (aïe... si elle avait eu un bâton!) et le tenancier du bar de Berducedo qui ne voulait pas nous montrer ses belles chambres! Il vaut mieux en rire et nous ne nous en sommes pas privés!

Merci surtout à tous ceux qui nous ont accueillis, conseillés et bichonnés comme des amis, Domingo à San Juan, Boni à Salceda et bien d'autres hospitaliers à Salas, Ponte Ferreira etc...

Merci à vous tous mes compagnons de chemin.... Frederico, l'italien, toi qui as été le premier à te présenter sur mon chemin devant une chapelle à la sortie d'Oviedo, Eric et Maria, du Danemark et Eva d'Allemagne avec qui j'ai partagé mes premiers dortoirs, merci à vous deux les jeunes portugais qui m'avez aidée à arriver à ce terrible Puerto del Palo dans la tourmente!

Merci à toi Jorge (Espagne) qui nous as bien montré que même avec un handicap, "on peut le faire"!

Merci à vous deux, Jacques et Marcelle, pour votre joie de vivre et votre entrain à dévorer les kilomètres en chantant...

Merci à vous trois, Angel pour tes multiples conseils sur un chemin qui n'a pas de secret pour toi, Antonio pour ta culture que tu as su partager et Jose pour ta patience à tenter d'échanger avec moi en espagnol! Merci pour vos sourires et vos encouragements...

Merci à toi Nina (Suisse) pour les bons moments de discussion que nous avons pu avoir, pour ta simplicité et ta spontanéité!

Merci à toi Joseph le "pélérandeur" (pèlerin randonneur) pour ta gaieté, ta confiance et ton entrain... Je t'entends encore siffloter dans les albergues ou sur le chemin...

Merci à vous deux aussi, Birgitte et Malte pour votre sourire et votre sympathie, merci au jeune homme fort qui a réussi à débloquer mon bâton!

Merci à vous Colette et Joao, le couple "portognol" aux origines mexicaines, avec Pablo, pour votre amour de la France et de nous autres français, pour votre sourire et votre sincérité.

Merci aussi à vous deux, Jean-Pierre et Jacqueline : vous vous complétez si bien, l'une à nous orienter, l'autre à nous instruire et nous cultiver! Et sans nous taper avec la règle sur les doigts!

Enfin merci à vous les deux compères de chaque jour, si différents et pourtant si proches, merci de m'avoir "supportée" dans tous les sens du terme, merci à toi Bruno d'avoir surmonté avec courage tes difficultés physiques de façon à ne pas freiner notre élan et perturber notre plaisir commun, merci à toi Laurent pour ton sens de l'humour, tes joyeuses plaisanteries et tes capacités linguistiques mises au service de tous!

Et pour faire court, merci à tous d'avoir fait partie de mon camino primitivo! Ça a été un vrai plaisir de cheminer avec vous!

Pour ma part, une page se tourne, mais... ultréïa! Et bien sûr, hasta la vista! Bon "camino de la vida" à tous!