Mon camino primitivo, septembre 2015

 

L'aventure a commencé il y a maintenant trois ans sur le Camino Francès, elle s'est prolongée en 2014 sur le Camino del Norte puis en 2015 sur le Camino Primitivo.

Elle reste gravée dans mon cœur et dans ma tête, et vient de surgir à nouveau bien vivante et bien joyeuse lors d'un petit voyage dans le Sud de la France, qui est vite devenu heureux pèlerinage du souvenir! Quelle joie de passer encore de si bons moments auprès de ceux avec qui on a partagé un si mémorable Chemin!

Nous devions nous retrouver entre pèlerins du Camino Primitivo, à l'instigation de Nina (merci à toi, Nina!), pour une exposition de Compostelle à St Gély dans le Gard.

Ce fut l'occasion pour nous de retrouver sur la côte d'abord deux couples d'amis pèlerins rencontrés en 2013 qui nous ont accueillis à bras ouverts dans leur belle région, Jozy et Christian à  la Seyne sur mer, et Marie-Jo et Guy à côté d'Aix en Provence. C'était comme si c'était hier... nous avons mangé ensemble, et marché ensemble sous le soleil de Provence... Magique!

Jozy et Christian nous ont emmenés dans les calanques, et même si le chemin était un peu ardu (le camino de Santiago ne passerait pas par de tels rochers!), nous avons adoré cette randonnée escarpée dans un décor de rêve en leur compagnie! Après nous être régalés de magnifiques panoramas sur la côte et l'intérieur en suivant la route des crêtes depuis La Ciotat,  

nous avons longé la calanque de Port-Miou qui abrite bien des beaux bateaux,

puis nous sommes descendus joyeusement dans la calanque de Port-Pin, où nous avons eu la surprise de trouver des sangliers (attirés par les vivres des touristes et randonneurs),

et celle d'En Vau. Les eaux turquoise d'une limpidité parfaite étincelaient au soleil entre les murailles impressionnantes de rochers blancs d'où jaillissaient ça et là des pins, des fleurs roses ou jaunes, puisant leur vie on ne sait où dans la roche...

L'eau était fraîche, mais quel plaisir d'y tremper les pieds! Certains poussaient le courage à se baigner. Ce n'est pas l'envie qui manquait, mais il eût fallu un maillot de bain et quelques degrés en plus!

C'est sur une de ces jolies plages que nous avons rencontré une pèlerine qui nous a raconté être rentrée depuis peu de Compostelle.... Avec quel plaisir nous avons échangé quelques souvenirs!

Après cette belle journée dans les calanques, Jozy et Christian nous ont invités à une randonnée autour du Cap Sicié avec l'association des amis de St Jacques du Var. Quelle joie de faire la connaissance de ce groupe sympathique et de marcher avec eux! Merci à vous tous, Jacques, Danièle, Michel, Paule, Agnès... et les autres, qui nous avez si facilement accueillis dans votre petite "communauté"... comme si nous étions sur le Chemin! Avec vous tous nous avons gaiement crapahuté depuis Le Brusc jusqu'au Cap Sicié, en suivant le sentier côtier si abrupt au-dessus de la mer, et si beau au milieu des fleurs roses (j'ai retenu le nom! les centranthes ou lilas d'Espagne) et jaunes...

Nous avons fait la pause à Notre-Dame du Mai, d'où la vue s'étend sur toute la rade de Toulon, Giens et les îles d'Hyères et de l'autre côté jusqu'au Bec de l'Aigle de La Ciotat: quel régal!

Quel régal aussi d'entendre les poèmes dits par Michel, et de chanter Ultréïa au son de la trompette de Christian! Il ne restait ensuite qu'à redescendre le long de la mer, en bavardant... jusqu'aux Sablettes!

Un pèlerinage de plus que cette autre journée, avec Marie-Jo et Guy cette fois, dans les forêts et sur les crêtes de la Sainte-Baume.

Heureux encore une fois de nous retrouver, nous avons partagé le "chemin des Rois" (bon nombre sont semble-t-il montés là-haut) avec des pèlerins qui montaient à la grotte de Sainte Marie-Madeleine, chapelle troglodytique creusée dans la falaise... Décidément, j'en apprendrai toujours sur ma sainte patronne! Elle aurait vécu là jusqu'à la fin de sa vie.

Après la visite du sanctuaire, nous avons admiré le panorama: devant nos yeux étonnés s'étalaient de vastes plateaux, limités par la Montagne Ste Victoire, barre blanche qui laisse à peine entrevoir le sommet du géant de Provence, le Ventoux. A l'Est, c'étaient les Alpes qui limitaient la vue, et les neiges des Ecrins semblaient taquiner gentiment les quelques nuages qui décoraient le bleu du ciel.

Nous avons bien savouré l'instant avant de continuer la montée vers le St Pilon, à travers de belles forêts variées de feuillus; enfin, les arbres ont fait place à un nouveau panorama à 360°: nous étions sur les crêtes de cette barre de la Ste Baume, au milieu des fleurs et des roches calcaires. De la chapelle du St Pilon, où nous avons repris des forces en pique-niquant, la vue s'étendait jusqu'à la mer, la rade de Toulon, notre cap Sicié, et toute la côte de Sanary à la Ciotat! Quel cadre de choix pour un bon repas!

Après avoir parcouru une partie de la crête, nous sommes redescendus par le "chemin des chèvres" (elles eussent été plus à l'aise que nous à certains endroits, mais qu'importe, nous sommes descendus doucement!), puis le "chemin du canapé", plus confortable dans la forêt!

Comme sur le Chemin, nous avons terminé l'après-midi devant une bonne bière (la "cana")prise entre amis!

Après ces prémices pèlerines, nous avons pris la route vers le Gard, vers St Gély, chez Nina qui nous attendait avec impatience.

A l'arrivée dans ce petit village provençal étroit et un peu pentu, nous hésitions quelque peu à nous engager (avec notre caravane) sur une petite route qui semblait mener seulement dans les vignes... Et comme toujours sur le Chemin dans ces moments-là... l'indication souhaitée apparaît: nous croisons Nina en voiture!

Très vite, après installation de la caravane dans son beau jardin, nous  prenons "una cana" ensemble à l'ombre de sa glycine en bavardant joyeusement. Puis nous visitons sa maison de charme aux aménagements écologiques, nous respirons le doux parfum des fleurs du jardin et admirons la vue sur le vignoble. Bravo Nina pour ces belles réalisations!

Nous nous rendons ensuite ensemble au Caveau des vignerons où doit avoir lieu l'exposition de photos et croquis sur les Chemins de Compostelle. Certains sont déjà affichés sur le camino francès (photos d'une pèlerine du village)et sur le camino del Norte (photos de Nina). Il manque les croquis faits par Laurent que nous attendons sur place. Après avoir placé ses cadres bien en vue, nous retournons ensemble chez Nina où Bruno nous rejoindra avec son épouse Béatrice.

Laurent au milieu de ses oeuvres

Le Camino del Norte selon Nina

Nous voilà donc tous ensemble pour savourer, dans la joie et la bonne humeur, le premier repas concocté par Nina. Nous prendrons la relève chacun à notre tour pour assurer de bons petits plats durant le week-end... sans oublier la Tarta de Santiago!

En bons pèlerins nous partagerons ainsi en cuisine, en terrasse ou au salon d'inoubliables moments de convivialité, à feuilleter les albums-photos de Nina, à échanger nos souvenirs, à évoquer ceux qui ont marché avec nous et qui n'étaient avec nous que par la pensée, mais bien présents tout de même, (Jacques et Marcelle, Jean-Pierre et Jacqueline qui pensaient à nous par SMS depuis Singapour, Joseph, Jose, Angel et Antonio, Colette et sa famille....) ou à nous essayer à la musique, accompagnés par Nina au piano!

La région aussi se prête à la promenade... Sous la houlette de Nina, nous avons découvert avec plaisir un nouveau lieu de pèlerinage, la chapelle Saint-Sauveur de St Gély, restaurée en partie grâce aux concerts de Nina, avec sa statue de la Vierge, et la petite cité touristique de Goudargues.

et affichées dans la chapelle, ces belles pensées et recommandations:

Nous nous sommes aussi aventurés dans la vallée de la Cèze, très étonnés d'y trouver de si belles cascades (celles du Sautadet), et surtout d'impressionnantes marmites de géant et un profond canyon, témoins de l'énergie que met la rivière à cet endroit pour franchir une barre calcaire....

Au-dessus de ces merveilles naturelles, nous avons pu visiter le charmant petit village médiéval de  La Roque sur Cèze, dominé par son château et son église.

Après un si chaleureux week-end, l'heure était venue pour Nina de se préparer à un tout proche Camino, et pour nous de finir notre périple en ce que nous croyions être un simple séjour de randonnée en Haute-Loire, au Monastier sur Gazeille.

Le choix de ce camping certes n'était pas anodin, puisque je rêvais d'y glaner quelques renseignements sur le chemin de Stevenson dont c'est la première étape.

Ce à quoi nous ne nous attendions certainement pas, c'est d'y croiser autant d'ex ou futurs pèlerins de Compostelle, et d'y trouver quasi la même ambiance, le même mélange international et la même convivialité. En plus les conditions météo très humides et venteuses du moment nous rappelaient bien le long début de notre Chemin en France en 2013...

Dès notre première balade, nous avons croisé un marcheur qui portait trois coquilles à son col.... l'occasion d'échanger un peu avec lui... Au camping, près de nous campait un couple belge sympathique qui partait le lendemain sur le chemin de Stevenson avec un âne: avec quelle joie nous les avons retrouvés le lendemain soir à leur arrivée à l'étape à Goudet! Un peu plus loin arrivait une jeune fille allemande de Stuttgart, avec son ânesse, toute heureuse de pouvoir parler un peu allemand avec nous...

Le lendemain nous avons marché un moment sur le fameux GR70, en compagnie d'une famille belge qui venait de fêter les fiançailles de leur fille en Alsace (de quoi nous en raconter...!) et partait sur Stevenson. Ils avaient eux aussi fait le Chemin de Compostelle en France, mais étaient ravis de prendre quelques renseignements sur le Chemin en Espagne!

Nous avons multiplié les rencontres en rebroussant chemin vers notre camping, et adoré le bel accent québecois d'un jeune couple (très chargé....)  qui peinait à la montée sur les cailloux mouillés! Dommage... ils ne connaissaient pas l'ami Pierre du Québec, que nous avions rencontré en 2013 et revu en 2014!!!! Le Québec est vaste....

Enfin, au moment d'acheter quelques souvenirs dans une boutique de produits régionaux à Fay sur Lignon, nous tombons sur une commerçante charmante qui nous demande si nous sommes sur le chemin de St Régis. Quésaco? Nous ignorions jusqu'à l'existence de ce chemin! En fait il s'agirait d'un genre de "bretelle" qui relierait Le Puy (St Régis est le patron des dentellières du Puy) au Chemin d'Arles (vers Compostelle). La toile se tisse... semblable aux liens qui unissent les pèlerins!

Réflexion faite à notre retour au bercail à la Pentecôte... Cet esprit d'amitié, de convivialité, de partage, d'ouverture à l'autre, qui plane sur ces chemins en parlant toutes les langues et en acceptant toutes les croyances, ne serait-il pas proche de cet  Esprit que nous célébrons à la Pentecôte?

Ultréïa!