Mon camino primitivo, septembre 2015

Je n'ai pas encore eu le temps d'évoquer vraiment la vie du pèlerin.... et pourtant c'est bien là l'essentiel du camino!

Certes, les moments difficiles, ça existe: le froid, la pluie, la tempête... nous sommes évidemment très exposés et sensibles aux caprices de la météo!  Et d'autant plus heureux quand le soleil revient! Les problèmes peuvent aussi venir de la nature du terrain: je crois avoir déjà dit qu'en Espagne on ne connaît guère les virages, donc on monte tout droit, les montées comme les descentes sont souvent raides et occasionnent divers bobos aux genoux, aux cuisses, aux chevilles, aux orteils! Que dire quand nous avons affaire à des cailloux mouillés, glissants, de la boue... Le poids du sac, si réduit soit-il, provoque des tiraillements dans le dos..., la jeunesse périmée de nos articulations est soumise à rude épreuve et la fatigue nous gagne, mais finit toujours par disparaître quand nous remettons le moteur en marche!

D'autre difficultés viendront du contexte espagnol: dur dur parfois d'attendre l'heure où les premiers repas du soir seront servis, quand on n'a qu'une envie: aller dormir! Il arrive aussi parfois que les étrangers que nous sommes ne soient pas les bienvenus, heureusement les xénophobes ne sont pas trop nombreux et on finit par rire de leur comportement!

Les joies du camino l'emportent largement sur les petites difficultés!

Que de bons moments passés lors des pauses à grignoter ensemble des fruits secs ou des barres de céréales au bord du chemin, ou dans les bars des villages qui nous attendent ici et là: on pause le sac avec soulagement, on se sèche si besoin, on prend un café avec éventuellement un tapas car il faut parfois compléter le petit-déjeuner parfois frugal du matin, on bavarde, on plaisante... Et si on a de la chance quand on sort, le soleil est apparu! Et on redémarre requinqué!

Parfois l'après-midi on y déguste, avec la cana (la bière), les spécialités locales comme le jambon sec à la mode des Grisons avec la "cecina" (fromage).

Et parfois on a des occasions à arroser... Il nous est arrivé, à l'instigation de Nina, de fêter le nouvel an juif  (Mazel tov le chain)... On trinque aussi après avoir fait une étape difficile...

Parmi les joies du camino, je citerai aussi les rires provoqués par des situations cocasses, comme ces pauvres pèlerins égarés dans un restaurant 3 étoiles devant leurs nappes blanches ou vautrés dans un canapé de l'entrée d'un Palacio, en train de traquer une connexion wifi impossible!

Il ne faut pas oublier non plus tous les échanges faits en marchant et tous les efforts linguistiques auxquels nous pouvons nous livrer! Je crois avoir fait cette année en quelques jours plus de progrès en espagnol que l'an dernier!

On mélange aussi les cultures, en échangeant sur la vie dans d'autres pays... C'est ainsi que j'ai "voyagé" en Russie avec Margot, en Hollande avec Joseph, au Danemark avec Dan. D'ailleurs qui savait que le nom de Danemark signifiait "le champ de Dan" ?

Parmi les joies du quotidien du pèlerin, il faut aussi citer les petits plaisirs tout simples mais qui sont appréciés à leur juste valeur: une pomme, une banane, des fruits secs mangés sur un banc, sur le socle d'une croix... un délicieux yaourt des Asturies...

Quand on ne les a pas tous les jours on se rend compte de la valeur des choses les plus simples: une bonne douche sans inondation, une vraie serviette pour s'essuyer à la place de nos minuscules torchons légers, un radiateur ou un sèche-cheveux pour sécher nos affaires, un bon matelas...

Et puis nous sommes très sensibles à la beauté de la nature et des constructions anciennes ou nouvelles : les paysages, la montagne, la mer, les nuages, les animaux ( chevaux, moutons, chèvres, vaches, chiens et chats), les fleurs, les arbres, les cultures, les chapelles, les églises et les horreos ! 

Nous nous "nourrissons" de verdure, de  lumière, de brume, de soleil, de vent et de nuages....

Mais le plus important restera toujours l'esprit du chemin, où l'on vit le partage, le respect de l'autre, la découverte de l'autre, le souci de l'autre...

Merci donc à tous ceux qui ont "partagé" mon chemin, pour leur aide, leur écoute, les échanges que nous avons pu avoir (quelle que soit la langue.... c'est d'autant plus instructif et parfois plus drôle!), même si parfois les rencontres ont été éphémères...