Mon camino primitivo, septembre 2015

Merveilleuse journée encore sous un chaud soleil d'automne dans un décor de rêve: qui l'eût cru? j'arrive déjà à Fisterra!

Le matin une fois de plus il ne fait pas vraiment jour quand je démarre dans la fraîcheur humide avec Dan sur le plateau de Logoso. La lune sourit encore derrière les arbres sombres... Mais très vite la lumière du matin fait apparaître des nappes de brume au-dessus de la vallée et sur les sommets environnants; partout des éoliennes nous font de grands gestes d'encouragements de leurs grands bras qui se détachent sur le ciel rougi...

Nous évoluons lentement sur un vaste plateau, tantôt par la route, tantôt par des chemins creux à travers des prairies immenses ou des forêts de pins ou d'eucalyptus.

Un moment arrive derrière nous une jeune pèlerine qui parle assez bien français: c'est Margot, elle vient de Moscou et nous faisons connaissance et cheminons un peu ensemble en discutant. Du coup Dan prend de l'avance....

Nous faisons une petite pause à la  Capilla de nostra senora de Neves (en bordure de forêt, et dont la croix de pierre se dresse un peu plus loin au milieu d'un pré!).

La compagne de camino de Margot, une française venue de Champagne-Ardennes), Emilie, nous rejoint bientôt et c'est ensemble qu'un peu plus tard nous découvrirons la mer à l'horizon.... On approche!

Au bord du chemin, un français attire notre attention avec son stand original: il propose en donativo des boissons, des fruits, des crêpes avec différentes confitures, du chocolat, du caramel et du miel. Appétissant! Nous nous laissons tenter par des crêpes et il nous explique qu'il a fait le chemin l'an dernier et qu'il est tombé amoureux de la région. Il s'est fait embaucher dans une boulangerie et il est resté là!

Ne souhaitant pas trop tarder, je repars seule.... mais pas pour longtemps! Je retrouve mon canadien au superbe accent de la veille, il a toujours sa mine joviale, son optimisme et son sourire. Il compte s'arrêter à Cee.

Peu après, un petit sentier à droite nous invite à aller voir une croix remarquable, je fais le petit détour: c'est une belle croix de pierre à double face, avec le Christ et la Vierge, et des coquilles St Jacques!

Nous arrivons au bout du plateau, la mer se voit de mieux en mieux au loin, vaste étendue bleue scintillant sous le soleil!

C'est là que commence une rude descente... Comme je pense à toi, l'ami Bruno...(comme je pense aussi à toi Laurent devant chaque horreo...ça fait beaucoup d'occasions ici!). Bref, il faut descendre, dans les cailloux, sans se tordre les pieds, sans glisser!

Heureusement tout au long de la descente le magnifique panorama se précise, l'océan, différentes pointes... et la pointe au phare: cabo Fisterra! Le but est en vue!

Et c'est l'entrée à Cee! Enfin une ville! Je vais pouvoir trouver un distributeur de billets... C'est bien la première fois que j'ai failli me faire coincer, à force de campagne profonde!

Cee est une ville moderne , aérée, fort agréable à parcourir... Les habitants sont aux aguets et prêts à faire plaisir au pèlerin: un vieux monsieur n'hésite pas à m'aborder pour me demander quelle langue je parle, simplement pour me dire en français qu'il ne reste plus que 12kms jusqu'à Fisterra! C'est bien gentil! D'ailleurs plus loin d'autres anges gardiens veilleront à ce que nous prenions la bonne direction!

Après Cee, Corcubion, sa plage et son port invitent à un moment de détente sur un banc à l'ombre. Enfin la mer à mes pieds! Je me régale de la vue, du parfum iodé....

Un peu plus tard, grâce aux "anges gardiens du chemin", il ne sera pas difficile de trouver l'étroit chemin creux qui va permettre de passer par-dessus de petit cap de Corcubion!

Nous allons désormais passer à travers une belle pinède qui nous laissera de temps à autre une belle vue sur de grandes plages comme celle de Sardineira ou de petites criques d'allure méditerranéenne aux eaux turquoise, encadrées de grands pins.

Finalement nous longerons l'immense plage de Langosteira, en passant par une promenade aménagée sur la dune, sur de grandes dalles de pierres plates, à l'ombre de grands pins.

A l'entrée de Fisterra une jeune allemande sympathique cherche son chemin: nous le trouverons ensemble en descendant vers la petite ville de Fisterra.

Je m'installe donc dans ma petite chambre d'hôtel, il est temps car je commence à avoir les pieds en compote! Je rêve d'un bain de pieds dans l'océan....

Mais ce ne sera pas possible à la plage d'il y a deux ans car la marée est trop haute et il me faut encore faire des courses pour avoir quelque chose à manger ou grignoter ce soir au cap!

Chemin faisant, j'ai le plaisir de rencontrer Eva avec qui j'avais sympathisé à Oviedo et que je n'avais que rarement revue depuis. Elle vient d'arriver en bus et arrête de marcher.

Par hasard je vois un pèlerin sortir de l'albergue municipale avec sa "fisterra"... Je vais donc demander aussi le précieux diplôme... qui ne changera pas ma vie!

Le soir la plupart des pèlerins ont la même idée: se rendre au cap pour assister au somptueux coucher du soleil.

Le défilé est impressionnant le long de la route... Il faut faire la queue pour photographier la statue de St Jacques... la queue pour la borne Kilomètre zéro... Deux canadiennes sympathiques me prennent en photo, et réciproquement, mais pas question de traîner, chacun veut son tour!

Ensuite tout ce petit monde s'installe sur les rochers côté ouest, picore en attendant... Et tout à coup les choses s'accélèrent, le ciel rougit, la boule de feu s'enfonce progressivement derrière l'horizon...Somptueux!

Quelques pèlerins font brûler des vêtements à cette heure de la fin du jour, de la fin du camino...

A 20h30, tout est fini! Mais le ciel garde un petit moment des couleurs pastel rose et bleu, les nuages aussi s'illuminent de rose... Et puis c'est comme le camino: fini! Dommage!

Pourtant il reste devant nous l'immensité de l'océan... l'infini à nos yeux... Sur l'espace sans fin de l'océan il reste à chacun le soin d'écrire une nouvelle page, une page du "camino de la vida"...

Et chacun de regagner son hébergement, certains resteront encore un peu, prolongeront un peu le rêve jusqu'à Muxia... En rentrant à Fisterra, on échange les projets, j'ai la chance de retrouver Dan: nous n'allions pas nous quitter sans un au revoir!